Les prédefs de Drago

Aref est né dans une des provinces les plus récemment acquises par l’Alliance du Pont. Enfant élevé par un seul parent, il a fait ses classes de médecine dans une Académie à la réputation passable. Cela ne l’a pas empêché de se découvrir une vocation pour le métier de corbeau, comme sont familièrement appelés les docteurs de l’Alliance.
Après quelques années à exercer dans sa ville natale, Aref a perdu son parent (cause à choisir) et a préféré partir pour donner un nouveau tournant à sa vie. Il s’est engagé auprès de la Garde du Denier en espérant que le changement soit radical, et le moins qu’on puisse dire est qu’il l’a été.
Envoyé au Front, Aref a très vite été confronté aux ravages de la guerre puis à ceux de la malichor. Le jeune médecin passait désormais plus de temps à disséquer des cadavres qu’à pouvoir soigner qui que ce soit, et il en a été profondément affecté. Pour finir, Aref a réussi à se faire nommer sur Teer Fradee, où il réside depuis peu. Hanté par son expérience, il est décidé à trouver un remède à la malichor.

Un de ses professeurs a un jour dit à Aref qu’il représentait l’idéal du médecin mais que cela ne lui suffirait pas. Sociable, intelligent, plein d’humour et de bonne volonté, Aref n’a pas tout de suite saisi ce que son maître voulait dire par là.
Aujourd’hui, Aref est plus amer. Il commence à remettre certains de ses principes en question et s’isole de plus en plus de son entourage. Il a beau s’en rendre compte, il ne parvient pas à abandonner son objectif ou à moins travailler. La malichor dévore le continent. Il ne compte pas la laisser faire.

Danyal vient d’une bonne famille de l’Alliance. De grands érudits qui ont publié de grandes choses. Lui-même n’a jamais été bien doué pour les études, malgré tout ce qu’on a dépensé pour ses précepteurs. Finalement, sa mère a décidé de mettre cet argent à destination de quelque chose de plus permanent, et a trouvé à Danyal une place dans la Garde du Denier. Il y est rentré avec des avantages que d’autres n’avaient pas puisque ses parents avaient payé ses supérieurs, et a été plutôt épargné dans les entraînements. Il a été envoyé sur un cadre d’opération épargné par les combats : Teer Fradee. Mais Danyal n’est pas satisfait pour autant. Il s’ennuie et se sent mis à l’écart. Il a donc commencé à vendre des informations à un membre de Thélème. Jeu très dangereux qui pourrait lui coûter cher s’il est découvert.

Danyal n’est pas un mauvais bougre mais la vérité c’est qu’aussi bon vivant et farceur qu’il soit, il est un peu fainéant. Les qualificatifs de « bien brave » et « gentil garçon » de la part de ses parents, il en a eu par-dessus la tête dans son enfance, considérant que c’était leur façon de ne pas lui dire qu’ils le trouvaient tout simplement bête, pas à la hauteur. Il a toujours cherché à attirer l’attention par des comportements un peu risqués, ses tractations avec Thélème n’étant que la dernière frasque en date dont il ne mesure pas nécessairement les conséquences.

Mitra est née dans la ville de Khorshid, au centre de l’Alliance du Pont. Son parcours de vie est plutôt typique d’une fille de la classe moyenne : deux parents, quelques frères et sœurs, une petite maison en ville, un animal de compagnie… Sans être une élève exceptionnelle, Mitra est douée à l’école. C’est relativement attendu d’elle ; plusieurs de ses ancêtres ont été professeurs à l’Académie de la ville, on dit même que c’est un membre de sa famille qui l’a fondé. En somme, jamais la famille de Mitra n’a quitté Khorshid. Et elle non plus. Ses parents tentent de la préserver : elle ne connaît personne qui est parti à la guerre, et ils font tout pour lui épargner la vue des malades de la malichor. Mais Mitra est une fille curieuse et sensible, elle voit plus que ce qu’on veut bien croire, apprend des choses de la bouche de ses camarades de classe, mais joue le jeu pour que ses parents ne s’inquiètent pas.

Jeune adulte, quand elle est admise à l’Académie, au lieu de choisir une voie prestigieuse, elle devient linguiste. On lui en rebattra les oreilles tout le reste de sa vie, souvent. Pourquoi diable a-t-elle pris une spécialisation que l’on juge inutile ? Mitra n’écoute pas, comme souvent. C’est ce qu’elle veut faire, c’est ce qu’elle fera. Elle a son diplôme et elle rejoint les rangs de l’expédition du Professeur Hassan qui part pour Teer Fradee. C’est une occasion inespérée pour la jeune femme, la possibilité d’étudier un peuple dont on ne connaît pas encore la langue ou aucune des pratiques.

Mitra a beau être quelqu’un de studieux, elle est terriblement tête en l’air. Elle oublie régulièrement ses affaires, les horaires de ses rendez-vous, et l’organisation est un vrai casse tête pour elle. Elle peut rester plongée dans un sujet qui l’intéresse pendant des heures sans voir le temps passer.
Mitra est quelqu’un de gentil, avec le cœur sur la main. Même si elle a du mal à s’imposer, elle arrive toujours à ses fins en se contentant de faire comme si les voix de ses détracteurs n’existaient pas. Beaucoup lui prêterait un fond de naïveté mais ce n’est pas qu’elle ne connaît pas les problèmes, c’est qu’elle préfère les ignorer. Peut-être que si elle ne pense pas à ce qui ne va pas, cela va disparaître ?

Elle est profondément fascinée par les Natifs. Au début, ils étaient simplement une opportunité inédite, mais à présent elle aime tout chez eux, de leur culture, à leur langue qu’elle apprend assidument. Le travail est parfois sur le point de la déborder, d’autant qu’elle sait que son temps parmi les Natifs pourrait être limité : les tensions grandissantes entre l’Alliance et les Natifs risquent d’annuler l’expédition, et Mitra serait alors rappelée à Hikmet. Elle ne pourrait pas le supporter quand elle a enfin trouvé son aventure.

Né au village de Vighulgsob, Bleddyn a toujours suivi les traditions de son clan sans les remettre en question. Il est devenu un excellent chasseur et s’est lié d’amitié à un ulg, sans doute le seul être dont Bleddyn se soit jamais senti proche. Le Natif ne semblait rien attendre de particulier de cette vie où tous les jours se ressemblaient, jusqu’à ce que les étrangers apparaissent sur le territoire du clan.
Cet événement enflamma le village : quelle était la meilleure façon de répondre à cette intrusion ? Bleddyn, qui avait toujours pris l’isolement du clan pour une fatalité, fut parmi les rares à ne pas suggérer d’attaquer. Il éprouvait même une franche curiosité. Celle-ci le poussa toujours plus loin des siens, jusqu’à ce qu’un jour Bleddyn ne se sente plus en accord avec les valeurs de Vighulgsob - pour peu qu’il l’ait été un jour. Aux côtés de son ulg, Bleddyn partit donc pour Vignámrí, où ils furent accueillis à bras ouverts. Le chasseur ne se sent pour autant pas encore à sa place. Passer d’une farouche autarcie à autant d’ouverture sur le monde a de quoi déstabiliser, et Bleddyn n’est pas encore sûr de l’opinion qu’il a des étrangers.

Bleddyn est un homme réservé, voire solitaire. Attaché aux traditions et à ses habitudes, il n’est jamais loin de son familier et sa parole, quoique rare, est toujours écoutée. Ses qualités de pisteur ne sont plus à démontrer, mais il hésite encore à partager tous les soirs de son ancien clan avec le nouveau. A vrai dire, sa défection de Vighulgsob en a surpris plus d’un.

Originaire du clan de Vighulgsob, Tesni a toujours baigné dans les secrets et le mysticisme. Sa mère était une artisane réputée qui fabriquait les appeaux et substances permettant aux membres du clan d’apprivoiser les ulgs. Une technique gardée farouchement secrète.
Tesni a vite voulu suivre les traces de sa mère, mais celle-ci avait déjà choisi un apprenti en la personne de son frère aîné et elle était très occupée à le former. Tesni traînait aussi souvent dans leurs jambes à l’atelier que dehors à vagabonder, et personne ne s’inquiétait trop de savoir où elle allait.
Il fallut bien pourtant que Tesni entre en apprentissage quelque part, mais elle refusait de devenir chasseresse ou cueilleuse. Sa raison ? “Tout le monde fait déjà ça !”
Alors Tesni fit ce que presque personne ne faisait : elle devint gardienne des secrets. Il lui fallut convaincre les doneigada de lui enseigner leur langue secrète, mais à 22 ans la jeune femme avait atteint son objectif. Désormais chargée de l’une des responsabilités les plus sacrées du peuple Natif, Tesni voyage sur toute l’île pour inscrire les promesses des siens dans la pierre.

Tesni connaît les chemins secrets de l’île, la langue secrète des doneigada, et bien d’autres choses encore que peu de gens savent. Cela lui convient très bien : elle est désormais incontournable.
Tesni est indifférente à la question des étrangers parce qu’elle n’a pas eu à beaucoup les croiser, à l’inverse de son clan qui en a une bien mauvaise opinion. Tesni ne se sent de toute façon pas très proche de son village, ni même d’un autre. A force de voyager sans cesse et de n’être jamais que de passage, elle se sent plus spectatrice que participante dans la vie des gens. Sa voie l’a isolée, et parfois Tesni s’ennuie ou se sent seule, mais chez les Natifs on ne remet pas sa voie en question.

Ornella est la fille bâtarde d’un ou d’une aristocrate de Sérène et de son ou sa partenaire de Peren. C’est dans cette seconde ville qu’Ornella a grandi, et comme le veut la tradition pour les personnes aisées de la Congrégation, elle a reçu bien peu d’affection mais une très bonne éducation. Ornella n’a pas manqué d’envoyer ses bons résultats à son parent noble, mais jamais elle n’a reçu de réponse.
Puisque le sang ne suffit pas à la faire admettre dans la noblesse, Ornella résout de procéder autrement et ouvre son commerce (type de commerce libre). Sociable et intelligente, Ornella s’enrichit suffisamment pour atteindre son objectif de partir pour Teer Fradee, l’endroit où à ses yeux se font les investissements qui vont réellement rapporter. Peu lui importe de se mettre les autochtones ou des rivaux à dos ; si Ornella doit ouvrir des mines ou acheter des terres pour s’élever socialement, elle le fera. Elle hésite seulement à se ranger du côté de Maeva d’Ortian, dont la position en fait une alliée de choix, ou du côté de Thaddeus Altieri, dont les méthodes sont proches des siennes.
Parfois, quand elle a encore travaillé trop tard sur ses comptes, Ornella se prend à rêver de renvoyer une lettre à son parent noble. Peut-être s’étouffera-t-il un jour d’avoir rejeté une fille à qui tout réussit.

Si briller en société était une matière scolaire, Ornella serait première de la classe tant elle a travaillé à acquérir les talents mondains de l’aristocratie de Sérène. Ornella ne se retrouve jamais à court de mots. Elle n’est jamais déstabilisée. Il y a bien peu de choses qu’elle n’oserait pas dire ou faire si cela pouvait lui permettre d’atteindre ses objectifs, et les règles sont à ses yeux d’agaçantes contraintes. Mais si à Sérène on admire ceux qui parviennent à leurs fins, on exige d’eux qu’ils le fassent sans vagues. Originaire de Peren, la rivale de toujours de Sérène, Ornella a tout intérêt à se plier à cette exigence pour gagner le respect de ses pairs.

Fille d’un Naute de passage et d’une lavandière, Flavie a grandi près d’un port dans un quartier pauvre. Son enfance n’a pas été tendre. Dès qu’elle a été assez grande pour travailler, sa mère l’a placée comme servante auprès d’un marchand et l’a poussée à toujours viser plus haut pour les sortir de la misère. Depuis lors, Flavie travaille avec acharnement et a tracé sa route jusqu’à atteindre un poste alléchant dans une maison noble.
La mort de sa mère, due à la malichor, lui fait tout remettre en question. A quoi bon se tuer au travail, maintenant ? Tout ça pour quoi ? Flavie est seule et la malichor la terrifie. Alors elle rassemble ses économies et part pour Teer Fradee où elle sait qu’on a besoin de gens comme elle, pas là pour vivre des aventures et se couvrir de gloire mais pour construire et faire fonctionner Nouvelle-Sérène. Flavie travaille désormais au palais de la gouverneure et elle se dit satisfaite.
Flavie est trop observatrice pour n’avoir pas remarqué l’intérêt que porte la gouverneure aux Natifs. Peut-être y a-t-il là moyen de se faire remarquer, s’est-elle dit. La jeune femme s’est donc penchée sur le sujet et s’est découvert une passion sincère pour la culture des autochtones. Elle les idéalise volontiers et se prend parfois à rêver de s’échapper pour vivre à leur manière.

Dotée d’un esprit vif et d’une excellente mémoire, Flavie est douée pour deviner les émotions et désirs des gens avant même qu’ils ne les expriment. Cette faculté, développée pour l’aider à survivre dans un environnement difficile, lui a permis de toujours laisser une excellente impression chez ses employeurs. Mais aussi discrète et aimable puisse-t-elle être, Flavie n’a jamais eu le luxe d’être naïve. Elle sait depuis longtemps que la vie est dure et qu’il faut parfois manger ou être mangé.

Dernière-née d’une famille nombreuse, Elvire est originaire de la Congrégation Marchande. Ses parents se sont convertis et ont rejoint les terres thélémites alors qu’elle était enfant, mais leur commerce fut moins florissant dans leur patrie d’adoption qu’il ne l’était auparavant.
Un beau jour, Elvire montre des prédispositions pour la magie, et elle est envoyée aussi sec au couvent : non seulement cela fait une bouche de moins à nourrir, mais en plus si elle se révèle douée elle pourrait avoir une vie bien confortable. Aux yeux de ses parents qui constatent tous les jours à quel point la magie est importante en Thélème, c’est la meilleure justification.
Elvire reçoit une excellente éducation, quoique stricte, et parfait sa maîtrise de la magie jusqu’au jour où elle assiste à un sermon donné par le charismatique frère Ariel. Ce dernier la convainc de s’engager comme missionnaire : il y a grand besoin, dit-il, de personnes intelligentes comme elle pour aider les Natifs à trouver leur juste place auprès de Thélème et pour enfin retrouver la trace de Saint Matheus.

Elvire n’a pas eu le choix de grand-chose dans sa vie, si bien qu’elle apprécie maintenant tout ce qui peut l’aider à se démarquer des autres et à gagner en indépendance. Idéaliste, bonne oratrice et audacieuse, la jeune femme manque certes d’expérience mais pas de volonté. Elle n’a nullement l’intention de demeurer une obscure missionnaire toute sa vie. Deviendra-t-elle cardinale ? Réussira-t-elle à rassembler le peuple Natif autour de la religion du Lumineux ? Sera-t-elle celle qui retrouvera la trace de Saint Matheus ? Elvire n’a pas peur d’en rêver.

Originaire d’un quartier populaire de San-Aurelius, Augustus a très tôt montré des prédispositions pour l’artisanat. Après s’être battu pour obtenir un poste d’apprenti, il s’est consacré corps et âme à son oeuvre, et le moins qu’on puisse dire est qu’il a obtenu des résultats. Depuis des années maintenant, Augustus procède avec un soin scrupuleux aux rituels sacrés et aux étapes mystérieuses de la fabrication de ses anneaux. Les inquisiteurs, les soigneurs et les apprentis s’arrachent ses créations à prix d’or. Augustus ne crée jamais deux fois le même objet et tout comme il y a des différences entre un pistolet et un fusil, chacun a des caractéristiques bien précises.
Augustus n’a jamais pour autant oublié d’où il venait. Il verse fréquemment de belles sommes aux oeuvres de charité et il est connu pour être entré dans l’ordre religieux de la Confrérie de l’Aube. Puisque la meneuse de cette dernière est partie pour Teer Fradee, Augustus a fait le choix de tout quitter pour y aller également. Nul doute que l’île où Saint Matheus est censé avoir terminé son périple sacré se révèlera à la hauteur de ses attentes, n’est-ce pas ?

Augustus est homme d’expérience et de peu de mots. D’un sourire, il inspire la confiance ; et d’un regard, il sait à quel genre de client il a affaire. Augustus est pourtant du genre timide. Il a laissé tous ses repères sur le continent et se sent seul sur Teer Fradee. De plus, la nature sauvage et les Natifs l’inquiètent, lui qui n’est pas mage et n’a aucun moyen de défense. C’est là l’ironie la plus cruelle de son existence : il est capable de façonner les meilleures armes de mage… mais pas de s’en servir.

Née dans l’Alliance du Pont dans une famille de classe moyenne, Iman a toujours été proche de son frère. Bien que ce dernier ait été enrôlé dans l’armée, il a décidé de faire contre fortune bon cœur et a mis de côté sa solde pour sa soeur. Entre lui et les économies scrupuleuses de sa famille, Iman a pu recevoir une bonne éducation et a été admise à l’Académie. Iman aurait voulu choisir (matière libre) ; mais elle ne pouvait oublier les sacrifices faits par son entourage et a donc plutôt choisi la biologie afin d’être sûre d’obtenir un emploi sitôt diplômée. Elle est devenue l’assistante du Professeur Latif à la sortie de l’Académie et l’a suivi sur Teer Fradee. Malheureusement, après quelques mois sur l’île la jeune femme a reçu la nouvelle que son frère était décédé au front, face aux armées de Thélème. Iman a fui Hikmet pour aller voir de plus près les animaux qu’elle étudiait jusque-là en laboratoire. Son projet : réussir à se familiariser avec les créatures de l’île. Les Natifs y arrivent bien, et Iman voit tout le potentiel d’utiliser ces bêtes comme armes contre Thélème. Son projet un peu excentrique n’a pas été bien accueilli, et elle a même été moquée par plusieurs savants. Alors que sa réputation devenait mitigée, Iman a été contactée par Javed qui, lui, s’est montré très intéressé.

Certains collègues d’Iman aiment à répéter en soupirant qu’une fois qu’Iman a une idée en tête, aussi saugrenue soit-elle, il faut abandonner tout espoir. La jeune femme a pourtant longtemps eu la réputation de quelqu’un de discipliné. Aucun de ses professeurs ne trouvait à redire sur son implication et elle a consenti à bien des sacrifices pour que jamais sa famille n’ait de regrets à son sujet. La mort de son frère a soudain fait naître chez Iman un abominable sentiment d’injustice : à quoi bon tous ses efforts si l’univers lui retire son meilleur ami ? Iman a décidé que la réponse serait la vengeance.